La plante emblématique de Haute Provence serait menacée par une directive européenne qui pourrait la classer comme produit dangereux pour la santé.
Ca n’est pas la lavande qui a changé, ce sont nous les humains qui en consommons trop dans nos savons, cosmétiques, ce qui nous y a rendus sensibles.
Ce problème n’est pas anodin. Les allergies sont en augmentation exponentielle sur toute la planète et en passe de compter parmi les pathologies du siècle que l’OMS classe au 4e rang des maladies chroniques dans le monde. L’OMS estime qu’en 2050, une personne sur deux sera allergique.
En résumé, la Lavande n’est pas devenue toxique, nous sommes devenus allergiques à la Lavande dont la composition l\’huile essentielle n\’a pas varié depuis 3000 ans qu\’elle a été découverte. Tous les produits de parfumerie et de cosmétique qui contiennent de la lavande doivent déjà mentionner la présence d’allergènes. La Commission ne fait donc que son travail. Alors se battre pour éviter que la Commission Européenne ne décide l’étiquetage de la lavande en tant que produit dangereux n’est qu’un combat de conséquence qui ne traite pas de la cause.
La cause est double :
– Les consommateurs développent de plus en plus d’allergies aux composés aromatiques, parce qu’ils y sont trop exposés.
– La lavande contient quatre allergènes identifiés (linalol, limonène, citronellol et géraniol), de la même manière que le vin contient de l’éthanol, ou la cigarette de la nicotine. Pour éviter d’avoir à étiqueter la lavande en tant que produit dangereux, il vaudrait mieux s’atteler à faire retirer de la liste des allergènes les composés chimiques qui s’y trouvent, et que l’on retrouve dans la lavande mais aussi dans quasiment toutes les autres huiles essentielles et dans tous les parfums y compris des plus grandes marques française.
Enfin, la production de lavande en France n’a pas attendu le projet de réglementation de la Commission Européenne pour chuter. Celà fait 10 ans que le premier producteur mondial de lavande n’est plus la France mais la Bulgarie (60 tonnes contre une vingtaine pour la France). Ces deux pays représentent 80% de la production mondiale le reste provient de Chine, et la France importe de la lavande Bulgare pour couvrir ses besoins, parce que la main d’oeuvre y est moins coûteuse.
L’autre responsable de la crise de la lavande en France est cette petite mouche aux yeux rouges, la cicadelle qui transmet une bactérie dans la plante empêchant la sève de monter dans les feuilles, et qui la fait dépérir.
Alors la Commission à bon dos, c’est l’ennemi le plus simple à désigner. Mais le travail doit se faire ailleurs.
agir pour diminuer les facteurs de susceptibilité des consommateurs pour certains allergènes, en particulier en limitant les particules fines, irritantes
tenter de faire supprimer les constituants de la Lavande de la liste des allergènes, ce qui aurait pour conséquence d’interdire que la plante bleue puisse être classée en tant que dangereuse !
Il existe une troisième voie, qui consisterait à tenter de limiter les concentrations de bases parfumantes dans les cosmétiques, mais une telle limitation aurait sur nos producteurs l’effet inverse de celui escompté, puisqu’il limiterait les ventes d’huiles essentielles de lavande, y compris d’AOP “lavande de haute Provence”.
C’est le thème de mon intervention sur France Info le 4 Août 2021 à 15h15.